( 3 octobre, 2011 )

3 octobre 2011

3 octobre 2011 Le jugement de l’auteur…
J’ai relu « Rencontrer Roger Martin du Gard », mis en ligne le 28 septembre. Trop long, sans doute ; j’ai dû décourager un certain nombre de lecteurs. Qu’ils veuillent bien m’excuser : je ne recommencerai pas. Nous sommes tous des gens pressés. Allons à l’essentiel, sans nous attarder en chemin.
Aujourd’hui, l’opinion – discutable, sans doute – du lecteur de poésie que je suis depuis toujours (lecteur qui, de surcroît, écrit aussi ce qu’il croit être de la poésie, occupation périlleuse s’il en fut).

C’est à dire…

Devant un poème, autant de messages, autant de lecteurs. C’est excessif, peut-être. Encore faut-il que le poème vienne de l’être et ne se contente pas de reproduire la réalité. Poètes et peintres du dimanche n’ont d’autre choix que de rester, dans leur œuvre, au contact de la réalité. C’est qu’en eux ils ne trouvent rien qui vaille la peine d’être dit – ou ne savent où le trouver.
J’entends dire d’un poète qu’à ses débuts il a subi l’influence de Baudelaire, de Mallarmé ou de René Char…
De Baudelaire, je ne vois pas comment (à moins, simplement, que notre auteur ne donne dans un archaïque symbolisme. « Quand le symbolisme fut mort… » lisait-on déjà dans Nord-Sud, la revue de Pierre Reverdy. C’était en 1917 !).
De Mallarmé, oui, peut-être, si le poète réussit à se glisser dans un procédé d’écriture ; mais attention : que ce choix n’aboutisse pas à l’artifice, à l’écriture pour l’écriture.
De Char, je ne peux dire, l’ayant peu, ou mal, lu.
A chacun de trouver sa voix. Si le poète, comme le peintre, a besoin de modèles, c’est qu’il y a peu en lui. Peu d’humanité et peu d’originalité. Alors, qu’il n’écrive pas !
Quand je prétends n’écrire que comme moi, l’on ne dit rien, mais l’on m’accuserait volontiers de prétention, d’orgueil, voire de vanité (le paon, en littérature, cela existe). Je ne dis pas que ce que j’écris est excellent et mérite de rester « dans les siècles des siècles ». Je dis que ce que j’écris est moi, et pour cette raison : unique, parce que tout homme est unique. Mais, poète, ce n’est pas à moi de dire que je le suis. Aux jeunes (et parfois plus vieux) auteurs qui se présentent en se donnant ce titre et sollicitent un accueil dans la revue, je suis toujours tenté de répondre : Poète ? laissez les autres en juger. Dans le courrier adressé au directeur des Cahiers, je trouve parfois des propos qui révèlent chez mon correspondant un ego surdimensionné, et j’ai, à chaque fois un mouvement de recul (de méfiance). La qualité première de l’écrivain devrait être la modestie.
Pour revenir à mon sujet… je ne dis pas qu’il faille oublier les poètes qui nous ont précédés ; mais que le souvenir de nos lectures ne vienne pas influer sur l’écriture !
Et… ce n’est pas parce qu’on « compose » des alexandrins ou des octosyllabes rimés qu’on écrit de la poésie. Que le jeune poète ne croie pas qu’il soit plus facile d’écrire en vers libres ; il y faut un rythme (propre à chaque poète), une musique qui vienne de l’intérieur, un « langage dans la langue ». Combien de prétendus poèmes en vers libres ne sont que des successions de lignes, interrompues au hasard, sans raison. Ce n’est pas parce qu’on va à la ligne avant d’être arrivé au bord droit de la feuille qu’on écrit de la poésie.
Mais la poésie, je ne sais pas ce que c’est. Non, je ne sais pas. Peut-être tout simplement une façon différente d’habiter la langue.
Claude Cailleau (4 octobre 2011)

1 Commentaire à “ 3 octobre 2011 ” »

  1. Anne Certain dit :

    Cette conception de la poésie que tu exposes ici me convient. Mais je demeure persuadée qu’on est « marqué » par les poètes qu’on a lus sans pour autant écrire comme eux. Leur rythme nous habite à notre insu bien souvent et nous n’y pouvous rien. D’ailleurs, ce sont bien souvent les lecteurs eux-mêmes qui décèlent des similitudes dont l’auteur n’avait aucune conscience. Lecture et écriture sont deux activités étroitement imbriquées, ne crois-tu pas ?

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