La page de février 2014…
Lettre d’hiver. Pourtant, trompées par le soleil qui éclaire la rue Ventura, et la montée du thermomètre, deux roses ont commencé d’ouvrir quelques pétales. Pour les sauver, nous avons dû les installer dans des vases à la maison.
L’hiver est dans nos cœurs : Pierre Garnier est décédé le samedi 1er février. Ses amis l’ont porté en terre le mardi 4.
Patrice Coadou, le professeur des écoles de Rochefort, dont les élèves correspondaient avec Pierre, m’écrit : « Nous étions hier à Saisseval. Pas de messe, un froid vif, une émotion partagée, des interventions sincères, touchantes… Alentour, l’éloquence des regards… Ilse qui nous faisait bien de la peine. Nous nous sommes rapprochés d’elle et de sa fille Violette avant de quitter le cimetière. Nous étions alors près de la tombe de pierre. Il y avait encore quelques amis anonymes à lui rendre hommage, jetant avec délicatesse leur poignée de pétales – des papillons – sur le cercueil en contrebas. J’ai remis les lettres et les dessins des enfants de ma classe. Ils s’étaient tous appliqués la veille, à dire, à leur manière, adieu à Pierre… et apporter à Ilse un peu de réconfort. »
Voilà. Si j’ai recopié ici ce message de Patrice Coadou, aux mots couleur d’hiver, c’est parce qu’il donne une idée de la tristesse qui s’est abattue sur nous tous.
Je prépare un dossier sur Pierre Garnier depuis plusieurs mois. Comme je regrette de ne pas en avoir hâté la publication ! En décembre 2013, Pierre m’écrivait : « Merci pour le dossier en vue – j’en suis très heureux – de tout cœur merci ; c’est une lumière. »
Dans le Cahier 24, en juin, ses amis vous parleront de lui et de son œuvre.
Auparavant, en hommage, un petit poème extrait de mon recueil « Mots du jour et de la nuit » (Éd. du GRIL, 2009) ; et une photo que vient de m’adresser Martial Lengelle (« photo prise au Leica avec un objectif Leitz de 1936 – année importante dans l’œuvre de Pierre Garnier », me dit mon correspondant. Pourquoi ?
Voici le petit poème, couleur du temps.
L’automne à grand renfort de pluie…
A-t-on rêvé ? Veut-on, pour voir,
Prendre la page où l’on s’ennuie,
La page où s’engouffre le soir,
Afin de simplement redire,
Pour qui chemine son chemin,
Et va cailloutant de la lyre
Lorsque l’hiver arrive ou bien
Que la fenêtre lui fait signe,
Se demandant si l’on a tort
De montrer une peur bénigne,
L’extrême douceur de la mort.
Claude Cailleau
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