( 10 janvier, 2016 )

Jean Joubert nous a quittés.

Le 28 novembre 2015, Jean Joubert s’est éclipsé avec une telle discrétion que  beaucoup de ses lecteurs n’eurent pas connaissance de sa mort. Le silence s’installe vite et couvre l’œuvre d’un voile d’oubli. Jean Joubert le savait, qui se battait, à sa façon, pour que ses livres rencontrent leurs lecteurs. Je l’ai connu présent dans les établissements scolaires, les salons, les lieux de lecture.

Pendant plus de vingt ans, j’ai beaucoup échangé avec cet homme affable qui ne se dérobait jamais à une invitation et qui a toujours répondu aux sollicitations de mes élèves.

Quand j’ai créé les Cahiers de la rue Ventura (pour rendre hommage à MES écrivains), il m’a paru normal, bien qu’il fût encore vivant, de lui consacrer un dossier. Vous le retrouverez dans le n° 4, auquel ont collaboré Jean Chatard, Gérard Cléry, Michel Cosem, Jean-Paul Giraux, Georges Jean, Béatrice Libert, Jacques Lovichi, Jean-Pierre Thuillat, Jean-Max Tixier.

Aujourd’hui, l’hommage que je veux lui rendre sera nourri de deux textes extraits du Cahier n° 4, mais aussi de fragments de notre correspondance et de poèmes (alors inédits) qu’il m’envoyait de temps en temps pour marquer un événement qui nous touchait l’un et l’autre, ou un début d’année.

À partir de 1999, il a suivi mon modeste travail d’écrivain et me donnait régulièrement ses impressions à la lecture de mes livres. Puis la vie, le temps, ont fait que nos échanges se sont espacés. Je me préparais à reprendre contact quand la mort est venue me rappeler que nous ne sommes que des passants sur cette terre. Seuls maintenant les livres de Jean Joubert continueront de nous entraîner sur ses chemins d’ombre et de lumière.

Dans l’ordre, donc, sur cette page du blog :

En compagnie de Jean Joubert (Cl. C.  dans le cahier n° 4),

Les maisons de Jean Joubert (Cahier 4),

Un portrait de l’écrivain par Louis Hubert paru dans le Cahier 4,

Deux de ces poèmes qu’il m’envoyait de temps en temps, par amitié,

Quelques extraits de lettres dans lesquelles il me parlait de mes livres,

Un dernier poème, manuscrit, dont la dédicace m’avait beaucoup touché.

En compagnie de Jean Joubert…

Je n’entreprendrai pas de vous raconter la vie de Jean Joubert. D’autres l’ont fait, mieux que je ne saurais le faire. Je voudrais plutôt évoquer la découverte progressive d’une œuvre qui a marqué mes jours et qui continue d’accompagner mon cheminement de lecteur. Le poète,  je pris rendez-vous avec lui (je veux dire avec son œuvre) dès 1959, en achetant ces Poèmes d’absence, qui venaient de paraître dans la collection jeune poésie nrf. J’avais manqué un premier rendez-vous, avec Les Lignes de la main, un recueil paru chez Seghers, qui fut très vite honoré du Prix Antonin Artaud.

Les Poèmes d’absence – « recueil devenu rare avec le temps, mais la poésie est à la fois dans le temps et hors du temps », écrit Jean Joubert en 1993 lorsque je lui présente le petit livre à la couverture blanche et bleue sur laquelle le titre a la couleur du sang – il suffit de lire la table des matières pour y découvrir une bonne partie des thèmes que le poète allait développer dans son œuvre poétique, avec au centre du livre cette Planète de la solitude où « rien ne nous désespère / Plus que l’exil aux portes du matin ». Et déjà cette quête de l’être en soi qui dicte les mots que la main recueille. Je ne fus pas étonné de le voir affirmer dans L’Ecole des lettres, à la fin des années 80 : « J’ai parfois le sentiment, de manière certes irrationnelle, que je n’ai pas vraiment choisi d’écrire tel livre, mais que c’est le livre qui a choisi de s’écrire en moi. »

Je n’ai jamais cessé (il ne le savait pas encore) de lire les poèmes que Jean Joubert semait sur sa route d’écrivain, comme les stations d’un chemin où l’on s’arrête un moment, avant de repartir vers d’autres investigations, d’autres découvertes. Recueils qu’il groupait, qu’il groupe de temps en temps dans des livres (ainsi procédait Reverdy) comme pour éclairer le fil directeur d’une œuvre. Poèmes qu’il lui est arrivé aussi de sélectionner, en 1997, dans son Anthologie personnelle, en avouant : « telle est … la trace que … j’aimerais laisser, en sachant qu’elle est hypothétique et sans doute fragile, comme le papier qui lui sert de support. »

Dans l’œuvre de Jean Joubert, très vite vint s’ajouter à la poésie une autre forme d’exploration de l’être, des êtres : le roman. Lecteur curieux, indiscret même, je suis toujours à l’affût des signes qui vont me révéler la personnalité de l’écrivain.  Un romancier  met  beaucoup  de  lui dans ses livres, ne serait-ce déjà que dans le choix du cadre où il fait évoluer ses personnages. Je n’ai pas été attentif aux premiers romans de Jean Joubert, sans doute trop occupé par ma tâche de professeur. C’est lorsque le sud commence à s’imposer dans l’écriture du romancier que je suis devenu sensible à l’ensemble de ses écrits. Le sud m’a toujours attiré, moi, l’homme du nord, selon Reverdy. « Les données d’un lieu, d’une saison, rejoignent les fatalités intérieures des êtres qui s’y déplacent », écrit Pierre Kyria en 1969, à propos de La Forêt blanche, roman dont le cadre n’est pas le sud mais la Forêt Noire ; le propos me paraît pouvoir s’appliquer aux romans qui suivront.

C’est le Prix Renaudot qui, venant couronner L’Homme de sable en 1975, a attiré mon attention sur ces livres que le poète publiait, parallèlement à ses recueils. On a dit que, dans ses romans, l’auteur a essayé « de transposer son expérience de l’écriture poétique », d’y mêler, d’y fondre réel et imaginaire. Certes. Je suis volontiers Michel Cosem quand il écrit : « Chaque fois que le roman se repose, que l’aventure humaine se ralentit, Jean Joubert laisse courir sur les choses le  regard d’un vrai poète ». Et lorsqu’il ajoute que c’est en choisissant d’écrire pour la jeunesse que Jean Joubert a pu vraiment faire entrer la poésie dans le roman.

Un bon livre pour adulte peut être lu par des jeunes, affirme Michel Tournier. Pourquoi l’inverse ne serait-il pas vrai ? Car tel est le cas des Enfants de Noé, qui reçoit en 1988 le Prix de la Fondation de France pour le meilleur roman pour la jeunesse. Jean Joubert a bien raison de classer ce livre parmi ses romans. En 1993, il me dédicaçait mon exemplaire en ces termes : « Pour Cl. C. cette reprise moderne d’un thème antique, Les Enfants de Noé prisonniers d’un déluge blanc ». Roman d’anticipation, récit d’aventures, fable écologique (nous dit le texte de dos), ce pur chef-d’œuvre, que j’ai découvert à 50 ans, a occupé nombre de mes soirées de l’hiver 88 ou 89. J’aime à lire et relire ces livres dans lesquels on entre un peu plus à chaque relecture. Ce roman, il me faudrait des pages  pour en parler. À chaque fois que je l’ouvre, le plaisir du lecteur revient, que j’aimerais analyser, si la place ne me manquait.

Dans les ouvrages en prose de Jean Joubert, il faut distinguer Les Sabots rouges, paru chez Grasset en 1979. De tous les livres de l’auteur, celui dont je suis le plus proche. Récit autobiographique qui commence par cette phrase : « Mon père est mort il y a trois semaines » (l’auteur est revenu  dans  le  Gâtinais de son enfance)  et  se termine ainsi : « …puis je pousserai la porte de la maison » (celle du sud, dans le petit village où il a décidé de vivre). Entre les deux événements, il y a une quête, celle d’une époque lointaine et des êtres dont ne reste que le souvenir. Et Matthieu Galey : « Jean Joubert a le don d’écouter le quotidien ». Quant à l’auteur : « Ce livre, je l’ai placé sous le signe du cœur. J’en prends le risque ».

Michel Cosem, qui a consacré un livre à son ami dans la collection « Visages de ce temps », aux Editions du Rouergue, terminait ainsi l’un des chapitres : « Jean Joubert est une des voix les plus authentiques de la littérature de cette fin de siècle. Son message est proche de nous, il est à la fois singulier et universel. L’œuvre de Jean Joubert n’est pas non plus terminée. À n’en pas douter, elle nous réserve encore de belles surprises ».

Qu’ajouter à ces propos, qui sont toujours d’actualité ? Je vous invite à une promenade dans son œuvre, en compagnie de ses amis.

                  Sablé, 17 avril 2009, Claude Cailleau

 

La Maison, pour Jean Joubert

À Ingrandes-sur Loire, au début des années 1990, mes élèves et moi, nous nous intéressions aux maisons d’écrivains (toujours chez moi le besoin de connaître l’homme qui se cache derrière le livre et l’envie de partager cette passion avec les adolescents qui m’entouraient). Pour mes élèves, Jean Joubert  avait rédigé ce texte auquel il n’avait pas donné de titre.

 

J’ai toujours aimé les maisons : maison natale d’abord, dans un Loiret de brumes, d’eaux lentes, de forêts, mais aussi, pendant les années d’errance, les maisons diverses, souvent dans des terres étrangères, qui ne furent, à vrai dire, que des amours fugaces. Puis – coup de foudre – dans la garrigue languedocienne, au nord de Montpellier, ce petit mas à l’abandon qu’il me fallut patiemment restaurer et ramener à la vie. Il était là, depuis des siècles, à l’entrée d’un minuscule village, au pied d’une colline qui l’abrite du vent du nord : logis de paysan, flanqué d’un potager, d’une vigne et de cyprès que le mistral chahute. Avec ses murs blanchis à la chaux, ses poutres grossières, ses dalles de pierre ou de terre cuite, sa grande cheminée carrelée de rouge où, de part et d’autre de l’âtre, on peut s’asseoir, il possède la beauté rustique et la simplicité qui plus que tout me plaisent. Le confort moderne, qu’il a bien fallu y introduire, est resté discret et n’a pas détruit l’esprit du lieu.

C’est là que je vis, avec ma famille, depuis vingt-cinq années. C’est là que j’écris, dans ma bibliothèque, que je nomme plutôt mon atelier : une ancienne grange, maintenant tapissée de livres, avec une table de ferme où peu à peu s’élève un rempart de papiers, dans le désordre apparent qui est celui des vrais chantiers littéraires. Une fenêtre donne sur le jardin, l’autre sur le verger : un monde d’oiseaux, d’insectes, de verdure et de soleil. Silence, solitude, spectacle renouvelé des saisons.

Naturellement cette maison est entrée dans mes livres. Elle est le décor – et, plus que le décor, un personnage – de l’un de mes romans, Un bon sauvage ; elle apparaît également dans certains chapitres d’un autre roman, Le Lézard grec, et la grande pièce commune m’a même servi de modèle, avec les transpositions nécessaires, pour celle du chalet, dans Les Enfants de Noé. De temps à autre, cette maison se glisse aussi dans mes poèmes. Pour peu que je voyage, son image m’accompagne comme un viatique, à la fois paisible et rassurant, qui peu à peu s’imprègne de nostalgie.

                                                                                                        Jean Joubert (1991)

joubert 2

 

En 1996, Jean Joubert m’envoyait ce poème extrait de « Mauvais temps sur la terre », paru à l’Arbre à Paroles…

 

Et toi, veilleur à la frontière

où luttent embrassés l’ange et la bête,

l’un de lumière et l’autre qui grimace,

qu’as-tu saisi qui ne fût pas douleur ?

 

La vitre un peu se teinte de clarté

mais c’est la nuit encore sur la terre,

une nuit moins opaque à peine, qui défaille,

et tu voudrais que cesse cette guerre

et que la boue s’efface où la bête grogne.

 

N’as-tu pas  douté, dans la nuit du cœur,

que puisse à nouveau se pencher vers toi

l’aube pacifiée d’un visage ?

 

Dans le vitrail que le premier soleil colore

on dirait soudain que l’ange va sourire

et que s’essouffle et bronche la bête.

Jean Joubert

 

J’aime ce poème pour la place insolite que viennent prendre parfois les mots, et le vers soudain devient musique. Pour son atmosphère aussi, mi-rêve, mi-réalité  – sombre un peu mais qui laisse au « veilleur » que je suis souvent la promesse d’une aube. De quoi est fait, dites-moi, ce besoin d’entrer dans le poème en allant au-delà des mots ?

 

Quant au second, il me fut envoyé au cours de l’été 2001, avec l’indication « Inédit » et, en tête : Pour Claude Cailleau (signature et dédicace manuscrites)

 

Le soir, l’été

 

Derrière la maison, sous la treille,

la nuit caresse les roseaux

et la lune sur le cyprès

est l’œil écarquillé du monde.

Les enfants, là-bas, dans la pinède,

disent leur « prière indienne »

avec plutôt vociférations de coyotes et de loups.

Entre les troncs des arbres

la lueur d’une torche électrique voyage.

Accoudé à la table,

je bois un alcool blanc

non pas indien mais grec.

Le jour franchi par des chemins tortueux

s’achève dans la paix.

Salut à vous, étoiles vigilantes,

et à toi mon étoile, perdue dans cette foule.

Peut-être un dieu, invisible, muet,

est-il penché à son balcon de brume.

« Un hérisson ! » crient soudain les enfants,

et, près du tas de bois, replié, immobile,

je reconnais le gentil compagnon du printemps.

« Au lit, enfants, n’effrayez pas ce visiteur nocturne,

respectez son errance sous le regard paisible de la lune ».

 

Jean Joubert

 

J’ai gardé précieusement ce poème, avec l’impression qu’il avait été écrit pour moi, pour me faire partager la paix de cette soirée, dans le petit village de la garrigue languedocienne – paix d’un silence habité, dans un univers de poète.

 

Et maintenant, quelques fragments de lettres dans lesquelles Jean Joubert me parle de mes livres avec amitié… Une parenthèse encore, avant de les citer ; à la fin d’une lettre de 4 pages, le 15 octobre 2008, Jean Joubert me demandait : « Pourquoi annoncez-vous, en mars 2007, que vous n’écrirez plus de poésie ? J’espère que la poésie a été la plus forte et qu’elle continue de vous  inspirer » ! Il faut croire qu’elle fut la plus forte en ce temps-là. Le sera-t-elle encore en 2016 ?

 

Déjà, le 4 novembre, Jean Joubert m’écrivait : « … le n° 67 de Friches où j’ai eu le plaisir de lire vos poèmes. Les thèmes que vous abordez me sont proches, vous le savez : l’enfance, l’absence, le souvenir, des paysages inoubliés… Je reconnais même l’image de la vitre, à la fois ouverture sur le monde extérieur et lieu de reflets comme un miroir… »

Et, en 2001, le 26 novembre : « J’ai apprécié vos poèmes. Les extraits de « Échos du paysage » ont le charme nostalgique des petits paradis perdus… Les autres poèmes, destinés aux enfants passent bien la rampe, ils sont lumineux. Parfois un peu trop explicatifs, m’a-t-il semblé. C’est la part de mystère qui souvent nous captive. »

En 2008, ayant lu mon « Histoire du poème » qui allait figurer en introduction de mon livre « Le Roman achevé », il m’écrit : « Vous y exposez avec beaucoup de précision et de finesse la genèse de votre long poème. Et, ce faisant, vous mettez en lumière d’une façon plus générale les différentes phases de l’aventure poétique. Oui, à quelques nuances près, je reconnais bien ma propre démarche, de l’instant où (après un cheminement secret) le poème « frappe à la vitre » (André Breton) jusqu’à celui où il est publié… »

Il y eut, entre nous, beaucoup d’échanges sur nos travaux. Je veux citer encore celui du 8 février 1999, des fragments d’une lettre dans laquelle il me parle de Stef : « J’ai lu avec un grand plaisir votre roman « Stef et les goélands »… Je m ‘étonne que vous n’ayez pas continué dans cette voie. Les personnages sont attachants, l’intrigue bien menée, et vous faites de ce jeune adolescent à problèmes un portrait fort juste et nuancé. Il y a, dans ce récit, un aspect social, mais vous évitez l’écueil du populisme, car c’est encore en poète que vous écrivez, plus attentif à montrer  qu’à démontrer. J’ai particulièrement apprécié votre technique narrative qui utilise le langage familier, des glissements chronologiques (passé, présent, futur), et de personnage en personnage, du réel dans la rêverie. J’ai noté aussi que vous ne donnez pas de repères géographiques, même s’il est évident qu’il s’agit de la Bretagne. … J’aime beaucoup l’atmosphère de sensualité qui entoure les personnages de Stef, Mâram, Patrick et Nine. Je parlerais même d’une sorte d’érotisme, traité de façon pudique : peut-être de « l’érotisme voilé » cher à André Breton. Là encore on perçoit la sensibilité et la subtilité d’un poète. La conclusion m’a laissé un peu perplexe : plus symbolique que réaliste, m’a-t-il semblé. J’ai l’impression que vous avez eu quelques difficultés à trouver une fin. Mais là encore il faut reconnaître que vous ménagez une ouverture… »

Et, dans la même lettre, plus loin : « J’ai reçu deux publications dans lesquelles vous êtes présent. Hasard ? Hasard objectif ? (Encore Breton). Je crois aux « signes », ils éclairent ma route…. un poème et une photo de Stef dans les Cahiers de la Baule, un autre poème, dédié à Reverdy, dans les Cahiers de l’Archipel, que dirige mon vieil ami André Marissel. Ce dernier texte, dans sa sobriété et la sympathie qu’il manifeste m’a particulièrement touché. Je vous souhaite de continuer, avec bonheur et passion toujours, dans le domaine de la poésie… »

Voilà. J’ai fait, dans ma longue vie, de belles rencontres. Jean Joubert faisait (fait toujours) partie des écrivains qui accompagnent mes jours de lecteur. Je l’ai dit quelque part sur facebook : curieusement, ce sont ses « Enfants de Noé » qui m’ont habité le plus longtemps. Sur un de mes exemplaires, Jean Joubert a écrit : « Pour Claude Cailleau, cette reprise moderne d’un thème antique, les enfants de Noé, prisonniers d’un déluge blanc » (la neige qui est tombée en abondance, ensevelissant les maisons jusqu’au toit, bloquant toutes les ouvertures, empêchant les habitants de sortir).

Au dos du livre on peut lire : « Roman d’anticipation, récit d’aventures, fable écologique, ce livre est aussi une méditation sur la fragilité du monde où nous vivons ».

Lisez Les Enfants de Noé. Vous ne serez pas déçu. Et pour un moment vous ferez revivre le poète.

un jour encore

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