( 8 mars, 2016 )

Parutions de printemps – mars 2016.

Sommaire :

1 – CRV 31, poésie au féminin.

2 – Encres Vives 451 : un « spécial Cl. Cailleau »

3 – Michel Tournier, un des derniers classiques du 20ème siècle

4 – La fin de quoi ? Encore que…

 

Le Cahier 31 vient de sortir. Au sommaire…

Cinq femmes poètes, présentées par Jean-Pierre Boulic, Béatrice Marchal, Françoise Vignet, Jean Pichet, Éric Simon. De qui ces auteurs parlent-ils ? Je vous laisse le plaisir de la découverte.

Des poèmes, de France et de l’étranger – des voix personnelles, très différentes – Ils sont signés Angiolo Bandinelli, Patrick Beaucamps, Anne Certain, Jean-Marc Gougeon, Jean-Michel Jouan, Ivan de Monbrison, Bruno Thomas.

La chronique habituelle de Michel Passelergue.

Une page d’enfance de Nicole Luce (l’enfant dans la guerre, et le retour du père, d’Allemagne où il était prisonnier ; la page a réveillé mes souvenirs de l’année 45 : j’ai connu la même émotion, cette année-là.)

Puis – c’est toujours dans la Revue – Bruno Sourdin nous parle de Daniel Boulanger poète, et Pierre Borghero, de Victor Hugo « voyant ». (Ça, Georges Jean, notre prof de rhétorique, le disait aussi ; quant à Hugo lui-même, n’écrivait-il pas dans son fameux testament littéraire : « Je donne tous mes manuscrits et tout ce qui sera trouvé écrit ou dessiné par moi à la bibliothèque Nationale de Paris qui sera un jour la Bibliothèque des Etats-Unis d’Europe » ? En partie prophétique, non ?

Enfin, j’ai eu plaisir, après la revue des revues, de proposer un poème de Bernadette Throo extrait de son dernier livre « Le Cristal des heures » (Éd. Sac à Mots). Une réponse bien involontaire de l’auteur à ceux qui se demandent s’il y a une poésie féminine, qu’on pourrait distinguer de la poésie masculine. Un sujet à fouiller, peut-être. À vous de voir. Peut-être le dossier de ce numéro vous y aidera-t-il.

 

Couv. 2

Encres Vives Michel Cosem ayant accepté l’idée d’un « Spécial Claude Cailleau » dans sa collection Encres Vives, je me suis mis au travail. J’ai contacté les amis qui me suivent dans mes publications, et trois mois plus tard, j’ai pu proposer à Michel la maquette de ce qui est devenu le 451ème Encres Vives. Un bilan de mes « années poésie ». 1956-2015 – avec le grand blanc de presque trente ans.

En 2015, j’ai pris une décision qui a étonné mes amis et les a laissés incrédules : je n’écrirai plus de poésie. J’ai tenté de m’en expliquer page 16 du Encres Vives. Je pense essayer à nouveau, plus bas, sur cette page du blog. Sans être sûr de fournir la bonne justification.

Auparavant, voici pour ceux que le 451ème encres Vives pourrait intéresser, le moyen de se le procurer. Je ne vais quand même pas avoir la prétention de vous dire : si vous l’achetez, vous ne le regretterez pas. Sachez seulement que, ce faisant, vous aiderez l’un ou l’autre des deux éditeurs (courageux et désintéressés) qui se battent à leur façon pour que vive la poésie, pour que les poètes trouvent un accueil, une tribune. Voilà…

 

Vient de paraître…

Claude Cailleau, un parcours littéraire atypique,

451ème Encres Vives

 

Atypique, oui, on peut dire qu’il l’est, ce parcours. À 20 ans, Cl. Cailleau est accueilli dans les Cahiers des Saisons, revue de Jacques Brenner, qui paraissait aux Éditions Julliard. Une dizaine d’années plus tard, il publie, toujours aux Éd. Julliard, un roman, Stef et les goélands, couronné par l’Académie Française et dont des extraits paraissent dans Océan d’Armorique, une anthologie aux Éd.  Hachette. Puis il se tait pendant 27 ans, brûle son journal, avant de recommencer à publier de la poésie, un roman, une biographie de Pierre Reverdy, une anthologie personnelle, un récit, etc. Et de créer une revue littéraire, Les Cahiers de la rue Ventura !

Banal, tout cela, direz-vous. Peut-être. Ce qui l’est moins, ce sont ces échanges (rencontres, correspondances) qu’il a eus de façon suivie avec de grands écrivains du 20ème siècle : Roger Martin du Gard, Prix Nobel de littérature 1937, Marcel Arland, rédacteur en chef  de la NRF jusqu’en 1977, Henri Troyat, Hervé Bazin, Julien Gracq, Jacques Brosse, Jean Joubert et beaucoup d’autres.

Un parcours que vous pourrez suivre dans ce 451ème Encres Vives, jalonné de confidences de l’auteur, d’un choix de ses poèmes et textes divers, de regards amis sur l’œuvre de ce passionné de littérature.

 

Si vous êtes intéressé, vous pouvez commander ce Cahier à

 

Michel Cosem – Encres Vives – 2 allée des Allobroges –

31770 COLOMIERS (chèque de 6,10 €)

 

ou, pour une petite dédicace, à

 

Les Amis de la rue Ventura – 9 rue Lino Ventura –

72300 SABLÉ-SUR-SARTHE

(chèque à l’ordre des Amis de la rue Ventura)

Montant du chèque : 6,10 € (le port est offert)

 

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Michel Tournier nous a quittés le 18 janvier. Sans le lui avoir dit, j’avais de l’amitié pour cet homme-là, reclus dans son presbytère de Choisel, en contrebas du cimetière du village. Ne raconte-t-il pas dans Petites Proses qu’un jour une partie du mur s’effondra et « par une ouverture béante un flot de terre noire et gluante envahissait le jardin. » L’auteur alors de se demander : « Y avait-il des tibias et des crânes ? »

Plus que ses romans – de grands classiques – ce sont ses ouvrages autobiographiques que je retiens. Ils sont là, derrière moi, tout proches, quand je m’assieds à mon bureau. Son Journal extime (qui a quand même quelque chose d’intime), Célébrations, sous-titré « Essais » et dont on retrouve des fragments dans Lieux dits, publié en Folio. Je me souviens qu’il nous avait écrit (je pense que je retrouverais la lettre en fouillant bien dans mes archives) qu’il n’avait fait qu’un essai d’écriture autobiographique, dans Le Vent Paraclet. Mais c’était au début des années 80. Il ajoutait que Le Vent Paraclet était un livre raté !

Michel Tournier a beaucoup échangé avec les élèves de mes ateliers littéraires. Il nous envoyait de temps en temps des cartes postales. Au recto : sa photo, et au verso de petits messages amicaux. À mes élèves qui lui demandaient une petite bio, il avait répondu : « Michel Tournier, né en 1924, mort en 2000 ». Et de donner comme explication : « Mon grand-père est mort à 76 ans ; mon père est mort à 76 ans. Je mourrai à 76 ans ». Apparemment, le destin n’aime pas qu’on décide à sa place : son temps sur terre a été prolongé de 15 ans ! D’ailleurs, en 2010, il écrivait : « Je ne me suiciderai pas, mais je trouve que j’ai déjà beaucoup trop vécu ».

C’est Tournier qui confiait à un journaliste préférer, dans l’œuvre de Jules Verne Les Indes noires – un livre étrange dont l’action se déroule sous terre, dans une mine désaffectée. Il y a là, au fond, une sorte de clairière (c’est le terme employé dans le livre) où se dresse une maison encore habitée. Vous avez bien lu : au fond, je ne sais plus, à peut-être 100 mètres de profondeur ; et des événements étranges qui se produisent, une présence qui inquiète les habitants. Je n’en dirai pas plus, mon souvenir est trop lointain, trop flou. Mais le livre mérite vraiment une lecture. Il me fascinait, dans ma lointaine adolescence. Je l’ai écrit à Tournier, il y a deux ou trois ans. Il ne m’a pas répondu. Trop vieux, sans doute, pour avoir envie de reprendre un échange. Je ne l’intéressais plus.

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Il a neigé ce matin. J’ai eu envie de fixer ce moment et de vous en faire profiter. Sur la photo, on voit l’arrière de notre maison, le petite table bistrot devant laquelle je ne m’assieds qu’exceptionnellement pour prendre mon goûter (la rue, bruyante, est proche) et le toit bien enneigé de la niche dans laquelle aucun de nos chiens n’a voulu entrer ! Je l’avais pourtant bien isolée : shingles sur le toit, polystyrène sur les parois et au plafond, moquette sur le plancher. Un exemple de ces travaux que l’on fait un jour et qui ne servent à rien…

La fin de quoi ? annonçais-je dans le sommaire de cette page. La fin, pour moi, de la poésie. Je me rappelle une des dernières lettres de Bernard Delvaille : « La poésie m’ennuie » ! L’auteur de « Mille et cent ans de poésie française», une belle anthologie – une des plus intéressantes – parue chez Laffont, avouait une lassitude, de poète et de lecteur, qu’il m’arrive parfois d’éprouver. Découragement de n’avoir pu être plus convaincant…

Sur le 451ème Encres Vives qui vient de paraître, un ami m’écrit : « C’est une belle récapitulation de ton parcours littéraire, en effet très atypique mais humainement et artistiquement passionnant. Reste pour moi (et d’autres, je suppose) le mystère de ta cessation d’écriture, sur laquelle tu demeures étrangement bien silencieux. » Et l’ami auteur de ces lignes a écrit sur l’enveloppe, entre mon nom et le nom de ma rue, en rouge, le mot POÈTE.

C’est vrai, je n’ai pas envie d’en dire plus. J’ai gardé, depuis 1972, le silence sur une première décision de ne plus publier. La vraie raison de cet abandon de la poésie restera sans doute un mystère pour mes amis. Qu’importe ! Ce serait me donner beaucoup d’importance que de croire qu’une explication changerait quelque chose à la vie de mes lecteurs. Je me tairai donc. Mais quand j’essaie d’éclairer mon paysage poétique personnel, je me dis qu’il manque à mes théories sur l’écriture de la poésie une concrétisation, pour tenter de justifier mes choix. De nouveau, certains vont penser que je me donne beaucoup d’importance ; c’est sûr, j’ai trop parlé de poésie sur ce blog. Tant pis ! J’ai passé une partie de ma vie, dans mon métier et en dehors, à essayer de convaincre. J’irai jusqu’au bout. J’ai sur mon bureau une quarantaine de « petites proses » coulées dans une écriture que je crois « poétique ». J’aimerais prouver que la poésie n’a pas besoin du vers pour être. Quel prétentieux je suis ! Je me contente actuellement de les relire, ces petites proses. J’avoue y trouver un certain plaisir. C’est déjà beaucoup…

On a d’heureuses surprises dans une vie consacrée à la poésie : alors que je me prépare à clore ce message, m’arrive par facebook le message d’un lecteur de mon 451ème Encres Vives. «Ayant lu votre dernière parution chez Encres Vives, je découvre que nous avons quelques points communs (et il les énumère ; en effet nous avons eu « des vies parallèles ») … votre style poétique m’est entré tout de suite en résonance », écrit mon correspondant. Je me suis empressé de répondre.

« On n’écrit pas pour soi, on n’écrit pas pour les autres, on écrit aux autres, bien qu’on ne sache pas exactement à qui… »(Pierre Reverdy)

Il arrive qu’on le sache et la poésie devient partage.

Prenez soin de vous et rappelez-vous :

Pour envoyer des textes à la revue

 < jm.alfroy@orange.fr >

Pour s’abonner ou commander un numéro :

< amis.rueventura@hotmail.com >

 

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